Chimen An Nou

Un projet de carte participative pour se déplacer autrement, des ateliers de sensibilisation et d’exploration du territoire par la marche pour initier de nouveaux usages.

1. L’amélioration de la connaissance du territoire par les habitants

La création d’une plateforme interactive en ligne aura pour vocation d’intégrer et de croiser les informations issues de l’expérience vécue des habitants et d’une étude territoriale proposé par Chorographe en 2015 (Un nouvel écosystème métropolitain, les promenades Vertes et Bleues de Cap Excellence). Il s’agira de collecter ces savoirs personnels pour constituer une source solide, pouvant être diffusée et favorisant de nouveaux usages dans les déplacements du piéton et/ou du cycliste. Il y a un véritable enjeu à enrichir la connaissance du territoire, cette dernière permet aux habitants de mieux se projeter dans les lieux, de se les réapproprier, d’imaginer de nouveaux désirs, d’envisager, en toute confiance, d’autres modes de déplacement pour leurs trajets du quotidien, et être initiateur de nouvelles pratiques. Ils pourront alors utiliser la carte et les espaces qu’elle révèle pour lancer de nouvelles initiatives culturels et de témoigner d’une histoire collective.

2. Le besoin d’intégrer un nouveau rapport avec la présence d’espaces naturels en ville

Dans la construction de la ville, les zones urbaines de l’agglomération sont venues détruire ou interrompre certaines continuités naturelles. On constate aujourd’hui un territoire morcelé où les hommes se concentrent sur les routes plutôt que sur les quelques espaces naturels encore préservés. Il est temps d’arrêter le grignotage de la nature par la ville et de retrouver un dialogue apaisé entre ces deux types d’espaces. Une île étant un territoire fermé c’est un écosystème entier qui est impacté lorsque l’on modifie une continuité naturelle. Nous pensons qu’il faut suivre le “fil de l’eau” en utilisant les tracés naturels comme support de nouveaux sentiers de marche, ce qui pourra également préserver ces espaces d’une éventuelle disparition. Chimen An Nou sera l’occasion de réaliser une cartographie digitale du territoire repérant les espaces naturels. Cet outil cartographique peut devenir un support de diffusion auprès des habitants des connaissances du territoire et de ses milieux écologiques.

3. Une pratique de la marche et du vélo ancrée comme activité de loisir qui pourrait évoluer vers une nouvelle pratique quotidienne

La culture du sport, une géographie exceptionnelle et la beauté de ses paysages font de la Guadeloupe un territoire idéal pour la pratique de la marche et du vélo sous forme de loisirs ou d’événements sportifs. Les randonneurs et les cyclistes sont d’ailleurs nombreux sur l’île. Un paradoxe persiste pourtant dans l’opposition d’une pratique intensive de la marche et du cyclisme à la généralisation de l’utilisation de la voiture pour tous les déplacements. Afin de faire évoluer les pratiques vers une mobilité quotidienne, l’enjeu est de se nourrir de l’expertise des usagers qui ont déjà le goût de la marche et du vélo. Leur participation est motrice dans l’élaboration du projet.

Quelques freins à l’heure actuelle…

1. Une utilisation généralisée de la voiture pour les déplacements du quotidien à réduire

En Guadeloupe, les déplacements automobiles sont majoritaires à hauteur de 80 % de la population. Or les problématiques liées aux déplacements individuels en voiture sont nombreuses : consommation d’énergie, pollution atmosphérique, extension urbaine, précarité énergétique, congestion automobile (impacts spatiaux, temporel et financier), répartition des espaces publics au profit de la voiture, insécurité routière, sédentarisation et manque d’exercice. L’objectif de Chimen An Nou est de mettre en avant la possibilité de trajets courts pouvant se faire à pied ou à vélo (moins de 5km), pour contrebalancer l’utilisation de véhicules individuels sur ces “trajets du quotidiens”.

2. Le manque d’aménagement, sur le réseau viaire et autres espaces publics pour les piétons et cyclistes est un véritable frein

Le vélo n’est jamais prioritaire sur le réseau viaire de l’agglomération et est amené à cohabiter avec les voitures sur des axes de grandes circulations qui sont des passages obligatoires notamment la traversée entre Grande Terre et Basse Terre. Il existe une déficience importante de pistes cyclables et d’espaces réservés aux piétons rendant la pratique du vélo et de la marche très peu sécuritaire.

D’après les données du rapport 2010 de l’Observatoire Régional des Transports (ORT), la part des véhicules particuliers (VP) et des véhicules utilitaires légers (VUL) pèse lourdement sur le bilan énergétique des transports en Guadeloupe avec 91% de la consommation d’énergie. A l’échelon national, ce poids n’est que de 72,5 %. Une maîtrise de la consommation d’énergie dans le domaine des transports passe par un effort de chaque automobiliste.

Pourtant malgré un usage prédominant de la voiture la marche reste un déplacement important (chiffres donnés dans le rapport CEREMA «Transports et déplacements : enjeux et politiques publiques» ). Nous pensons que les transports non motorisés, marche à pied et vélo, peuvent jouer un rôle prépondérant dans la diminution de cette consommation. Pour cela il faut réduire les obstacles à leur développement mais nous pensons aussi qu’initier de nouveaux usages permettra leur pérennisation:

Il existe un besoin de solutions simples et à court terme pour aider une dynamique en cours.

Une politique en faveur d’une évolution vers une mobilité décarbonée est menée mais les freins sont nombreux. En effet le renforcement des transports en communs, l’innovation technologique pour une réduction des consommations énergétiques, l’utilisation de carburants moins polluants… sont des chantiers qu’il convient d’engager ou de poursuivre mais qui font appel à d’importants financements parfois difficiles à obtenir et à des recherches scientifiques longues et coûteuses. L’état des lieux de la mobilité en Guadeloupe nécessite pourtant d’offrir des réponses qui peuvent être mises en place rapidement et à moindre coût. Le projet Chimen An Nou contribue à la co-construction d’un projet d’amélioration des espaces publics de l’agglomération Pointoise (Les promenades vertes et bleues) répondant à cet enjeu.